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Le livre de Chéroux se situe dans la perspective d’une histoire du photographique qui interroge non seulement les formes et les techniques de la photo, mais également la circulation et les procès de diffusion des images «à l’ère des médias globalisés». L’analyse d’un vaste corpus de unes de journaux américains du 11 et du 12 septembre 2001 décèle un phénomène qui n’est pas inédit dans la sphère des média, mais qui atteint lors de cette crise une forme de paroxysme: «celui qui, au lendemain du 11-Septembre, portait un regard un tant soit peu attentif aux photographies publiées dans la presse internationale pouvait légitimement se demander s’il n’était pas lui-même frappé de diplopie tant les images semblaient se dédoubler ou se démultiplier. Non seulement les mêmes photographies se répétaient d’un journal à un autre, mais chacune d’entre elle paraissait de surcroît répéter quelque chose».

C’est donc sous le signe du trouble diplopique – du grec diploos (double) et opos (œil) – que les deux parties du livre s’interrogent sur cette double répétition: sur l’évident processus «d’uniformisation visuelle» transnational qui investit les images dans la presse, aussi bien que sur le rôle d’une mémoire visuelle qui se re-présente dans «ces images immédiatement portées au statut d’icône»; mais nous reviendrons sur ce deuxième aspect.

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