Image, intericonicité, répetition
A propos de la séquence itérée des tours, nous lisons que «cette image a immédiatement cessé d’être une image pour devenir un archétype», ou encore que «le concept même d’image a été pulvérisé dans le moment où l’on réduisait au minimum une polysémie introuvable» pour chercher des « significations absolues comme autant de réponses à l’unicité du signifiant». Cette référence à un ‘signifiant absolu’ qui est nommé indifféremment archétype, symbole ou icône, renvoie à l’extrême réduction de la polysémie qui devrait toujours caractériser la relation entre l’image et l’événement, et c’est à cette même dimension que se réfère Chéroux quand il parle d’images «immédiatement portées au statut d’icône».
En effaçant la pluralité des regards et leur asymétrie constitutive par rapport à l’événement, on élimine toute latence qui permettrait de travailler l’image elle même pour déployer le sens possible du réel qui l’excède. L’accent porte donc sur l’installation «directe» de l’image dans l’imaginaire: c’est cette adhésion qui nie toute possibilité d’anamnèse et d’élaboration d’un contenu complexe et articulé, et ouvre l’espace symbolique d’une relation bien plus univoque entre signifiant et signifié. Pour cette raison, les deux auteurs cherchent le maintien possible de ce hiatus, là où une certaine intertextualité et une hétérogénéité énonciative sont inscrites au cœur même du dispositif: pour Dinoi à travers un cinéma qui explore le jeu intermédial ou, pour Chéroux, par une forme d’exposition photographique produite collectivement (Here is New York) qui multiplie les points de vue et situe la photographie singulière dans un réseau aléatoire, en essayant de faire affleurer l’épaisseur, la complexité et la contingence irréductible de l’événement.