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«Décrivons d’abord la spatialité du corps propre. Si mon bras est posé sur la table, je ne songerai jamais à dire qu’il est à côté du cendrier comme le cendrier est à côté du téléphone. Le contour de mon corps est une frontière que les relations d’espace ordinaires ne franchissent pas. C’est que ses parties se rapportent les unes aux autres d’une manière originale: elles ne sont pas déployées les unes à côté des autres, mais enveloppées les unes dans les autres. Par exemple, ma main n’est pas une collection de points. Dans les cas d’allochirie, où le sujet sent dans sa main droite les stimuli qu’on applique à sa main gauche, il est impossible de supposer que chacune des stimulations change de valeur spatiale pour son compte et les différents points de la main gauche sont transportés à droite en tant qu’ils relèvent d’un organe total, d’une main sans parties qui a été d’un seul coup déplacée. Ils forment donc uns système et l’espace de ma main n’est pas une mosaïque de valeurs spatiales.» 

(Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris 1945, S. 114.). [1]

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